J’ai porté la vie 5 fois, et la mort 2 fois.
Deux de mes bébés sont nés bien trop tôt, à 3 et 4 mois de grossesse. Officiellement ils sont des « fausses couches tardives », mais dans mon cœur, dans mon corps, ils sont bien de réels enfantements.
Rien de faux, rien de tardif.
Tout trop vrai, tout trop tôt.
L’abasourdissement a fait place à la colère, l’hébétude, la fatalité, l’humilité face au mystère de la Vie, et finalement, la gratitude envers mon corps intelligent malgré tout.
Paradoxalement, ces naissances m’ont donné encore plus confiance en moi, en mon corps, en mes capacités à enfanter sans perturbations extérieures, en autonomie, en liberté.
Je suis apaisée à l’idée d’avoir fait naître ces bébés selon mes termes, dans la douceur de mon foyer, à mon rythme, alignée avec mes convictions profondes.
Quel honneur d’avoir pu les voir, d’avoir pu célébrer leur courte vie, d’avoir pu faire des rituels d’adieu en famille.
Les protocoles hospitaliers pour ces naissances sont d’une violence inouïe.
Mon cœur pleure pour ces femmes qui ne connaissent pas leurs options, qui ne savent pas qu’elles peuvent connaître la douceur, la paix, même dans ces moments douloureux. Qui ne savent pas qu’elles peuvent rester chez elles, à l’écoute de leurs sensations, des messages que leur envoie leur corps, leur bébé. Et vivre ces naissances avec grâce.
Je suis, plus que jamais, convaincue de la puissance et de la sagesse de nos corps.
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